Le néolibéralisme est devenu une réalité évidente pour la plupart des citoyens [1]. Pourtant, au début de la dernière décennie, ce terme était plus ou moins ignoré aussi bien d’ailleurs que celui de mondialisation [2]. Cela s’explique du fait que la transition d’un État providence, appuyant sa capacité de redistribuer la richesse sur des politiques économiques interventionnistes, à un État en retrait, ayant abandonné sa mission de créer de la demande, s’est effectuée dans la moyenne durée et de manière fort diverses [3]. La variété des réponses nationales aux défis de la mondialisation explique que le programme néolibéral n’est pas apparu avec la même force dans différents contextes nationaux. Il faut rappeler que ce programme a pris naissance au sein d’une communauté épistémique [4] d’experts oeuvrant dans les Grandes Organisations Internationales à vocation économique, tels que la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (communément appelée la Banque Mondiale), le Fonds Monétaire International (FMI), l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), etc. Dans les pays anglo-saxons, les forums scientifiques des économistes et les Think Tanks néoconservateurs se sont faits le relais enthousiaste de ces idées néolibérales alors qu’en France, par exemple, c’est au sein même de l’appareil étatique que ce programme a été promu par les hauts fonctionnaires de l’État [5]. Ce n’est que progressivement, selon des trajectoires particulières, que ce programme s’est répandu dans la sphère politique des États Nations. En Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, ce sont les chefs politiques (Margaret Thatcher et Ronald Reagan) qui s’en sont faits les champions alors que dans la France de François Mitterrand ou le Canada de Brian Mulroney, le programme néolibéral a semblé s’imposer de l’extérieur comme pur produit de la fatalité.
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