Si de façon générale, comme l’observe J. Beaudouin, « la sociologie politique a mal à la démocratie », son malaise à l’égard de la démocratie directe est encore plus manifeste. On considère souvent un peu rapidement que la souveraineté populaire à l’athénienne est inapplicable dans nos sociétés modernes pour des raisons comme la taille ou la complexité des affaires publiques. Ainsi, D. Chagnollaud estime que « si ce procédé a pu jouer dans la cité grecque antique, force est de constater qu’il n’est guère praticable à l’échelle d’un grand pays ». Aux yeux de M. Hansen, historien danois, spécialiste de la démocratie athénienne, cet argument très courant apparaît de moins en moins pertinent et « revient à ignorer que la technique moderne a rendu tout à fait possible un retour à la démocratie directe – que ce soit souhaitable ou non est une autre question ». L’écho récent rencontré par les dispositifs participatifs n’a pas levé les doutes quant à l’intérêt de donner aux citoyens, outre le droit de vote, un réel pouvoir de décision dans les sociétés contemporaines. L’exemple suisse reste ainsi étonnamment peu sollicité dans le contexte d’un débat pourtant vif sur la crise politique des démocraties représentatives.
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