La Découverte, « Repères », Paris, 121 p.
Publié dans le n° 28 de la Revue du MAUSS semestrielle (2e sem. 2006)
Où l’on découvre que la mondialisation, c’est d’abord le triomphe des paradis fiscaux. On s’en doutait bien, mais on mesurait mal l’ampleur du phénomène. Or elle est proprement ahurissante et terrifiante. Les auteurs proposent dix critères, parlants et convaincants, permettant de définir les paradis fiscaux. Sur cette base (mais les trois critères principaux étant le moins-disant fiscal, la résidence fictive et le secret bancaire – p. 43), on arrive au chiffre, généralement admis, de 80 paradis fiscaux actifs. Qui assurent environ la moitié des activités internationales des banques, « c’est-à-dire que la moitié des prêts internationaux proviennent de banques installées dans ces territoires et la moitié des dépôts se dirigent vers les banques situées dans ces places financières » [p. 18]. L’autre conclusion, qui donne plus qu’à penser, est que la place de Londres est sans conteste « le premier paradis fiscal de la planète » [p. 19] ! On saura tout sur les raisons et les effets du développement de ces paradis fiscaux, et cela sans aucun jargon ni aucune technicité inutile. Un tour de force. S’il ne fallait lire cette année qu’un livre sur la mondialisation économique, ce serait sans doute celui-là.
Alain Caillé