Revue du Mauss permanente (https://journaldumauss.net)

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Sophiapol. La nature humaine dans la philosophie politique et morale : quels héritages ?
Lundi 16 février 2009, Université Paris Ouest Nanterre La Défense, bâtiment K, salle des colloques, à partir de 9h45

Texte publié le 31 janvier 2009

Atelier Sophiapol 2008-2009 (organisé par Raphaël Chappé). Lundi 16 février 2009.

(Université Paris Ouest Nanterre La Défense, bâtiment K, salle des colloques, à partir de 9h45)

La nature humaine dans la philosophie politique et morale contemporaine : quels héritages ?

*L’objet de cet atelier est d’interroger les relations entre philosophies contemporaines (de la
seconde moitié du XXe siècle jusqu’au début du XXIe siècle) et philosophies « classiques » autour
de la question de la nature humaine. On peut soutenir en effet que les philosophies contemporaines, de
même que les philosophies classiques, s’élaborent sur la base, soit (1) d’une anthropologie soit (2) d’une
critique de la perspective anthropologique elle-même.
Partir de la nature humaine, ou du moins lui attribuer un statut déterminé sur quoi vient s’articuler
l’édifice philosophique (1), est une démarche partagée par des traditions aussi diverses que la pensée
hobbesienne (l’homme à l’état de nature comme déterminant la nécessité de l’état social et juridique),
l’utilitarisme (l’homme en tant qu’agent à la fois rationnel et mû par des désirs) ou encore le kantisme (qui
distingue principiellement entre homo noumenon et homo phaenomenon afin d’élaborer une « métaphysique des
moeurs » et une « doctrine du droit »), pour ne citer que ces traditions.
D’un autre côté, le refus motivé d’un enracinement du discours philosophique dans une
caractérisation, de surcroît figée, de la nature humaine (2), est une démarche qui se repère aussi bien (et
notamment) chez Spinoza et chez Hegel que chez Marx.
Dans la pensée contemporaine, ces deux types de démarches apparaissent à nouveau, malgré bien
entendu des déplacements et des variations qu’il convient précisément de cerner. Quel « homme » est alors
présupposé par le discours philosophique (politique et moral), lorsque cela est le cas ? Dans le cas
contraire, sur quelle base théorique s’élabore le refus d’un tel référent fondationnel ?
L’enjeu consiste à interroger des auteurs « contemporains » (au sens large) et à chercher s’il y a des
présupposés anthropologiques chez ces auteurs et selon quelle généalogie on peut inscrire ces présupposés.
En cas de refus d’anthropologie ou, du moins, d’anthropologie fondatrice du discours (ex : Althusser), il
s’agira alors de chercher dans quelle histoire antihumaniste s’inscrit précisément l’auteur considéré (dans le
cas d’Althusser par exemple, le sillage semble résolument spinoziste).
– Dans cette perspective, une attention toute particulière pourra être accordée à la théorie de la
reconnaissance, qui oscille, dans son analyse des sujets humains, entre une posture antihumaniste, aux yeux
de laquelle la constitution des identités sociales s’opérerait par une « interpellation » (qui institue un sujet
en sujet), et une posture naturaliste, qui s’en tient à une simple reconnaissance des qualités et capacités
naturelles (ce qui revient à faire fond sur une détermination de la nature humaine comme naturelle). – Ce sont
d’ailleurs plus généralement les théories contemporaines de l’identité qui – au moins par effet d’analogie –
pourront être interrogées dans le cadre de cet atelier, dans la mesure où l’on peut y repérer un conflit entre
d’un côté la croyance en l’existence de référents naturels à modalité anthropologique (tels que le genre),
tenus pour des critères universels indiscutables de classement des individus ; et d’un autre côté, le refus de
tels critères, dont l’énonciation dans des discours aurait une fonction idéologique d’instauration
d’individualités définies.
A tous les niveaux d’appréhension de l’humain (selon l’espèce ou bien selon une modalité
anthropologique telle que l’individu, le genre, etc.), la question est au fond celle de la valeur d’une définition
de l’humain qui lui assigne un contenu figé. D’un côté, n’est-il certes pas requis, par exemple, contre
l’injustice, de poser un sujet individuel juridiquement reconnu ; contre le sexisme, de reconnaître des
identités genrées ; ou encore, contre le racisme, de faire usage de « statistiques ethniques » (pour
démontrer et dénoncer l’existence de discriminations) ? Mais, d’un autre côté, chacun de ces éléments
considérés comme des universaux anthropologiques (sujet individuel juridique abstrait, genre, « race », etc.) ne
prend-il pas la signification, dans la théorie elle-même, d’une forme idéologique, en ce sens que la théorie
(même critique) lui conférerait encore trop d’effectivité ? Quant à l’espèce elle-même : insister sur son
universalité, n’est-ce pas d’un côté le meilleur rempart contre le sexisme, le racisme, etc. ? Mais, d’un autre
côté, comment insister sur l’universalité de l’espèce humaine sans lui donner un contenu tel qu’il empêche
a priori la reconnaissance de possibles humains non indiqués par sa définition ? Comment, plus
profondément, lui donner un contenu qui ne provienne pas, par généralisation abusive, d’un point de vue
particulier au sein de cette espèce (ainsi en va-t-il sans doute de la définition classique de l’homme par la
rationalité comprise comme différence spécifique) ?

*Les auteurs « contemporains » principalement concernés ici sont :
Jacques Lacan, Hans Jonas, Louis Althusser, John Rawls, John Pocock, Jean-François Lyotard, Michel
Foucault, Jürgen Habermas, Jean Baudrillard, Pierre Bourdieu, Charles Taylor, Amartya Sen, Robert
Nozick, Quentin Skinner, Philip Pettit, Susan Moller Okin, Franck Furedi, Martha Nussbaum, Nancy
Fraser, Peter Sloterdijk, Axel Honneth, Philippe Van Parijs, Anthony Appiah, Judith Butler, Carole
Pateman.

1èresession – Président de séance : Robert Damien, PR (Univ. Paris Ouest Nanterre La Défense)

9h45-10h00 : accueil des intervenants et du public.

10h00 – 10h30 1e intervention suivie d’une discussion jusqu’à 10h40

10h40 – 11h10 2e intervention suivie d’une discussion jusqu’à 11h20

Pause de 11h20 à 11h30

11h30 – 12h00 3e intervention suivie d’une discussion jusqu’à 12h10

12h10 – 12h30 Discussion commune (1re session)

Pause déjeuner de 12h30 jusqu’à 14h00

2e session – Président de séance : Stéphane Haber, PR (Univ. Paris Ouest Nanterre La
Défense)

14h00 – 14h30 4e intervention suivie d’une discussion jusqu’à 14h40

14h40 – 15h10 5e intervention suivie d’une discussion jusqu’à 15h20

Pause de 15h20 à 15h30

15h30 – 16h00 6e intervention suivie d’une discussion jusqu’à 16h10

16h10 – 16h30 Discussion commune (2e session)

Pause de 16h30 à 16h40

3e session – Président de séance : Christian Lazzeri, PR (Univ. Paris Ouest Nanterre La
Défense)

16h40 – 17h10 7e intervention suivie d’une discussion jusqu’à 17h20

17h20 – 17h50 8e intervention suivie d’une discussion jusqu’à 18h00

18h00 – 18h20 Discussion commune (3e session) et clôture de l’atelier.

NOTES