Ce travail de M2 en sociologie, à l’université Paris-Ouest-La Défense, propose une application du paradigme du don (inspirée plus particulièrement par Alain Caillé et Julien Rémy) à une comparaison des politiques allemande et française du rapport aux enfants issus de l’immigration. Où l’on voit bien la dimension proprement politique du paradigme du don. A.C.
Dans son article « crise de légitimité des élites gouvernementales et politiques françaises, et condition d’une refondation de la République » [1], Jean-Pierre Worms invite à reconsidérer le rapport à la citoyenneté en France. Il critique en effet ce centralisme français autour duquel notre République s’est construite depuis le XIXe siècle et qui au final dépossède les citoyens du débat public. Il plaide donc pour opérer un tournant vers une démocratie plus participative. C’est ainsi que comme point de départ de cette entreprise il propose de revisiter la « laïcité » française. Par ce terme de revisiter précisons qu’il entend refonder l’unité nationale non plus en excluant mais en intégrant les particularismes pouvant apporter leur valeur à la communauté nationale, les « autres aspects » des particularismes devant eux continuer de relever des exigences de la laïcité.
Mais alors, il est assez étonnant de constater que dans un pays comme l’Allemagne, un Etat fédéral et qui a une conception du débat public bien plus participative que chez nous, le même type de problèmes se pose. En effet, à partir des années 1980 mais surtout depuis la réunification en 1990, les allemands ont pris conscience de la présence sur leur territoire d’une importante population étrangère qu’ils n’ont jamais vraiment essayé d’intégrer et depuis les années 1990, c’est également leur rapport à la religion qui est remis en question.
On peut dès lors se demander en quoi les spécificités de chaque Etat les conduisent à se poser aujourd’hui des questions relativement proches et quelles sont les réponses apportées ?
Pour répondre à cela, nous verrons dans une première partie en quoi le paradigme du don de Marcel Mauss nous permet de comprendre les rapports différents à la citoyenneté dans les deux pays.
Puis dans une seconde partie, en partant du constat de la première partie, nous pourront alors mieux comprendre, le rapport que l’Allemagne entretien avec ses immigrés et plus largement, les questions posées actuellement concernant l’intégration de chacun dans une communauté politique commune.
Enfin, dans une troisième partie, nous verrons pourquoi l’Allemagne se questionne également sur son rapport à la religion, et ce dans une perspective inverse à celle de la France. […]
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[1] Jean-Pierre Worms, « crise de légitimité des élites gouvernementales et politiques françaises, et condition d’une refondation de la République », Revue du MAUSS, 2005/2, n° 26. pp.105-120.