Se proposant d’appréhender le fonctionnement socio-organisationnel du conseil de la jeunesse du 10e arrondissement de Paris (CJ10) sous le prisme de la théorie maussienne du don, ce travail s’appuie sur une enquête de terrain menée tout au long de l’année académique 2007-2008 dans le cadre du Master 1 « Sciences économiques, sciences politiques et sociologie » de l’Université Paris-Dauphine.
Si le paradigme du don permet d’éclaircir la structure des liens entre membres-jeunes (amitié collaborative, collaboration amicale), il permet aussi de signifier ce « contrat spirituel et symbolique » liant, par-delà l’économique, les animateurs du conseil – militants de leur propre profession – et l’institution municipale. Tirant sa légitimité symbolique d’un transfert de sacralité de la part de l’autorité municipale, le CJ10 s’enracine dans un don de citoyenneté, forme paradigmatique du don premier. Aménageant, dans la pratique de la participation et de la concertation, un franchissement maîtrisé des frontières de l’institutionnel, le CJ10 repose sur une logique de réciprocité élargie et d’endettement mutuel positif où la reconnaissance par l’institution devient gage et condition de renouvellement de l’investissement des membres-jeunes.
Maria Giuseppina Bruna, diplômée du M2 130 de Dauphine, est doctorante contractuelle à l’Université Paris-Dauphine, membre-doctorant de l’IRISSO (Dauphine-CNRS) et de la Chaire « Management et diversité ». Ses recherches portent sur le management de la diversité en entreprise, la politique extérieure des collectivités locales et l’étude, sous le prisme du don, du fonctionnement des instances de démocratie participative.
Institué par les élus, encastré dans l’administration, le CJ10 est une organisation multifonctionnelle, où s’entrecroisent des acteurs aux profils sociologiques et relationnels et aux statuts très différents. A la fois lieu d’engagement, espace professionnel et structure politique, il est un « espace public hybride », à la frontière entre l’institutionnel, le politique et l’associatif, reposant sur l’articulation entre solidarité primaire et solidarité secondaire, entre expérience de terrain et action publique. (p. 6)
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