Collection « Bibliothèque du MAUSS numérique », 2009.
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Introduction (et table des matières) de : Don, mana et salut religieux – Durkheim, Mauss Weber (Park Jung Ho, 2010). Télécharger le fichier PDF (20 p. 322 Ko)
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La raison première du piétinement de la sociologie des religions (si ce n’est pas de la sociologie tout court), est sans doute que ses deux principaux auteurs de référence, Durkheim et Weber, ont adopté des stratégies théoriques totalement différentes – l’un cherchant l’origine et l’essence du religieux sans se donner les moyens de penser ses transformations historiques, l’autre analysant son infinie variabilité sans se soucier de préciser en quoi il consiste – entre lesquelles on ne perçoit guère les liens. On encore, Durkheim s’est intéressé à la religion première, Weber aux grandes religions analysées comme des religions de salut.
Quoi de commun entre elles ? Le don, répond Park Jung Ho. Religions premières et religions de salut représentent deux régimes différents du donner-recevoir-rendre, l’un largement immanent, l’autre « transcendantalisé ». Et c’est là que Mauss entre en lice comme médiateur possible, et en fait indispensable entre Durkheim et Weber. Dans le monde archaïque, montrait-il, c’est un déséquilibre survenu dans la circulation du mana qui produit les états néfastes. À charge pour le magicien d’y remédier. Avec l’apparition des grandes religions de salut, c’est à un intermédiaire religieux professionnel doté de charisme du fait de ses relations privilégiées avec une instance dispensatrice de mana transcendante, à gestionnaire de la grâce (cet équivalent sotériologique du hau) qu’il appartiendra de répondre à la survenue du malheur en rétablissant les perspectives et les moyens du salut.
En suivant ce fil, Park Jung Ho nous donne la clé de l’articulation entre les deux grandes modalités du religieux, entre Durkheim et Weber. Elle permet de reformuler la typologie wébérienne en distinguant, selon leur rapport à la source du mana transcendant, quatre grands types de personnages religieux propres aux religions de salut :
1°) le mystique hors du monde centré sur son propre salut ;
2°) le mystique hors du monde tourné vers autrui ;
3°) l’ascète hors du monde, qui coupe toute relation avec les hommes ;
4°) l’ascète intramondain, qui valorise religieusement le don conditionnel et dont le calviniste est le prototype. N’est-ce pas dans le sillage de cette « maussisation » de Durkheim et de Weber que la sociologie des religions a des chances de trouver son salut ?
Park Jung Ho, docteur en sociologie de l’université Paris Ouest La Défense-Nanterre, est chercheur à l’Institut des sciences sociales de l’université Sogang (Corée du Sud). Ses recherches portent sur la sociologie de la religion et de la culture.