Revue du Mauss permanente (https://journaldumauss.net)

Alain Caillé

Postface à « Anthropologie der Gabe » (Anthropologie du don)

Texte publié le 9 juillet 2012

On trouvera ici une postface à la traduction en allemand de « Anthropologie du don. Le tiers paradigme », Paris, La Découverte, 2007 (DDB, 2000), sous le titre « Anthropologie der Gabe », Campus Verlag, Frankfurt/New York, 2008. Les lecteurs germanophones liront avec un grand intérêt l’excellente introduction rédigée par Frank Adloff et Christian Papilloud (p. 7-39), qu’il faudrait d’ailleurs traduire en français. A.C.

Frank Adloff et Christian Papilloud me demandent d’écrire une préface à cette traduction, légèrement abrégée, d’Anthropologie du don. Le tiers paradigme. Je ne peux évidemment pas le leur refuser. C’est là un contre-don minimal en remerciement de leur initiative qui permet aux lecteurs allemands de prendre un premier contact avec le travail mené depuis plus de vingt ans autour de la Revue du MAUSS (Mouvement anti-utilitariste en science sociale), ce réseau international largement informel qui réunit dans une perspective d’interdisciplinarité critique en science sociale des sociologues, des anthropologues, des économistes, des philosophes, et aussi, moins nombreux, des historiens et de géographes [1]. Deux idées force les réassemblent. La première est qu’il n’est pas de tâche plus urgente aujourd’hui, tant au plan théorique qu’éthique et politique que de rompre avec la vision économiciste du monde qui domine un peu partout, celle qui croit que la seule motivation des humains est d’ordre économique – quoi qu’on mette sous ce terme – et que seules en dernière instance les considérations et les contraintes économiques mènent et doivent mener le monde. C’est ce premier objectif qu’exprime le drapeau de l’anti-utilitarisme. La seconde idée partagée par ceux qui se reconnaissent peu ou prou dans le MAUSS est qu’il y a dans l’œuvre de Marcel Mauss, et en particulier dans l’Essai sur le don, une découverte anthropologique fondamentale à partir de laquelle il est possible de repenser les problèmes centraux de la science sociale, et donc aussi bien, de la philosophie morale et politique, sur d’autres bases que celles de l’individualisme méthodologique et da la théorie de l’action rationnelle (Rational Action Theory) d’une part, ou que celles du holisme (structuralisme, fonctionnalisme, culturalisme) de l’autre.
Une autre raison pour laquelle je ne peux pas refuser de répondre à la demande de F. Adloff et Ch. Papilloud est que je commence à mesurer, mais depuis fort peu de temps en vérité, tout ce que la découverte de Mauss doit à la tradition de pensée allemande et qu’il me faut donc lui rendre hommage. Un tout récent article, très éclairant de l’historienne Eliana Magnani [2] montre en effet excellemment, dans le sillage de B. Wagner-Hasel [3], comment le concept du don maussien s’inscrit directement dans le sillage des historiens du droit germanique qui ont été les premiers, de Jakob Grimm à Richard Meyer en passant par Karl von Amira à introduire le concept de « don-échange » ou d’échange-don (Gebentausch, Geschenktausch).Mauss connaissait et cite ces auteurs. Plus généralement d’ailleurs, la toute récente et monumentale biographie d’Émile Durkheim par Marcel Fournier (près de 1000 pages très serrées), également biographe par ailleurs de M. Mauss, montre à quel point Durkheim et Mauss, lorrains et germanophones ont appris de l’Allemagne [4]. C’est que l’Université française qui à la fin du XIXe siècle renaît à peine de ses cendres est alors un nain à côté de l’Université allemande, et c’est là que les universitaires français qui parlent allemand vont s’informer ce qui est à a pointe de l’érudition et de la pensée. J’ajouterai qu’à mon sens la tradition sociologique, désormais si éclatée en de multiples écoles de pensée, si faible donc face à la science économique triomphante, ne pourra trouver des bases enfin assurées que si elle parvient à expliciter enfin ce que, par delà les différences évidentes, il y a de commun dans ce qui se cherchait il y a environ un siècle des deux côtés du Rhin, ce qui pourrait faire tenir ensemble Weber et Durkheim et, plus naturellement encore Simmel et Mauss [5].
La thèse centrale en effet d’Anthropologie du don est qu’il ne faut pas cantonner Mauss dans le seul champ de l’ethnologie, comme il est trop souvent fait, mais qu’il convient au contraire de dégager son apport essentiel à une sociologie générale. Ce qui rend a priori difficile de le faire c’est que la dimension proprement théorique, étonnement puissante pourtant de l’Essai sur le don est masquée par la profusion de l’érudition, par le souci du concret et par la méfiance de Mauss envers la spéculation abstraite. Le lecteur a donc du mal à saisir le propos proprement théorique de Mauss, pourtant bien présent et qui anime toute son œuvre mais qu’il faut dégager, extraire de sa gangue d’empiricité revendiquée - et par ailleurs indispensable -, expliciter et commencer à systématiser, tout en se gardant de l’esprit de système. Tâche nécessaire mais délicate si on en juge par les contresens récurrents auxquels se heurte l’entreprise du MAUSS en ce sens. Je voudrais ici mentionner les plus fréquents, ce qui me permettra par la même occasion de fournir quelques repères bibliographiques au lecteur qui aimerait approfondir cette discussion.

Premier contresens : Intérêt et désintéressement

L’entrée en matière la plus simple dans le propos du MAUSS est sans doute celle qui guide les travaux de Jacques T. Godbout [6]. À la suite de Karl Polanyi, J. Godbout montre que dans la société moderne, les biens et le service circulent selon trois modalités bien différentes : le marché, la redistribution par l’État et le don. On sait que pour Mauss l’échange marchand, le droit des contrats et la redistribution trouvent leur source originelle dans ce qu’il appelle la triple obligation de donner, recevoir et rendre que l’Essai sur le don exhume à partir de la connaissance exceptionnelle qu’avait Mauss de la littérature ethnologique de son temps. Or, ce qui est frappant, c’est que les sciences sociales, si attentives au marché et la redistribution ne voient tout simplement pas le troisième système, le système du don toujours présent pourtant aujourd’hui dans la société moderne. Corrélativement, lorsque le MAUSS a été fondé en 1981 le don était devenu invisible, innommable et impensable, le refoulé par excellence de la modernité tardive pourrait-on penser. Les choses ont beaucoup changé ces dix dernières années où on a vu fleurir au contraire une gigantesque littérature tant sociologique que philosophique sur la question. Malgré tout, au plan théorique le don semble toujours aussi difficile à conceptualiser, soit qu’on le rabatte sur des motifs d’intérêt classiques, conscients ou inconscients (comme chez Pierre Bourdieu), soit, au contraire qu’on recherche son essence dans une dimension d’absolue pureté sacrificielle. C’est ainsi par exemple, dans cette seconde veine, que pour un Jacques Derrida le don ne saurait exister que s’il n’existe pas, que s’il s’aligne sur le sacrifice sans motif d’Isaac par Abraham [7]. Pour un Jean-Luc Marion aussi, dès qu’il entre de l’intentionnalité dans le don, celui-ci s’évanouit [8]. Le don tel que pensé par Mauss, au contraire, n’est ni de l’ordre de l’achat ni de celui du sacrifice [9]
Est-il alors pensable, et comment ? Force est de constater que les schèmes intellectuels toujours dominants résistent fortement à l’idée maussienne de l’irréductibilité du don au seul motif de l’intérêt. La critique la plus fréquente et systématique du MAUSS, déconcertante par son simplisme et sa répétitivité, consiste à dire que puisque nous nions que le don ou l’action sociale en général s’expliquent uniquement par le calcul d’intérêt et a fortiori par le seul calcul d’intérêt économique – c’est donc que nous postulerions qu’ils procèdent du seul désintéressement [10]. Comme si, décidément, il n’y avait le choix pour les humains qu’entre le calcul d’intérêt, sous la forme d’une sorte de trade off (« je donne ceci pour gagner plus en échange »), ou le sacrifice (« j’agis sans aucun motif personnel ». Or, comme j’essaye de l’expliciter ici, pour Mauss le don procède à la fois de l’intérêt pour soi et de l’intérêt pour autrui (que je propose d’appeler l’aimance), et de l’obligation et de la liberté (ou de la créativité/fécondité). Il est donc toujours hybride, et il faut justement, au plan normatif, qu’il soit ainsi, précisément, pour lui éviter de retomber dans la logique de l’achat ou dans celle du sacrifice, d’une part, ou bien dans le ritualisme ou dans l’insignifiance de l’autre. Bien sûr, un travail théorique important reste à effectuer pour élucider le statut de cet « à la fois », qui suppose aussi bien l’irréductibilité de chaque pôle à l’autre, - de l’intérêt pour autrui à l’intérêt pour soi, de la liberté à l’obligation, et réciproquement – que leur systématique compénétration. Reste que cette dimension intrinsèquement hybride du don est justement ce qui en fait l’opérateur politique par excellence. Car c’est bien une conception politique du don que nous propose Marcel Mauss, comme l’atteste toute la fin de L’Essai sur le don. Ce qui explique d’ailleurs que l’Essai ne porte nullement sur le don en général, et assurément pas sur le don charitable et « désintéressé », pas sur les « prestations totales » mais uniquement sur ce que Mauss appelle les prestations agonistiques. C’est en tout cas une vision politique du don (et réciproquement) qu’Anthropologie du don tente de dégager.

Deuxième contresens : la socialité primaire et le politique

Un deuxième contresens sur le travail du MAUSS est celui qui consiste à croire que nous ne verrions plus le don à l’œuvre aujourd’hui que dans le cadre restreint de ce que j’appelle la socialité primaire, ce registre de l’action sociale dans lequel la personnalité des personnes importe plus que leur compétence fonctionnelle (comme c’est le cas dans la famille, le voisinage, l’amitié, l’amour ou le petites associations), à l’opposé du registre impersonnel de la socialité secondaire, (qui domine le Marché, l’État, l’ Administration, la Science) dans lequel c’est au contraire l’efficacité fonctionnelle de personnes qui importe plus que leur personnalité. C’est doublement faux. D’une part, en effet, une fois qu’on a clairement distingué ces deux registres du rapport social, il est possible et nécessaire de commencer à les dialectiser et de montrer comment aucune institution secondaire, entreprise, administration ou laboratoire scientifique ne peut fonctionner sans que leurs membres outrepassent en permanence les règles et les règlements formels qui sont censés les régir, pour donner et se donner au collectif, aux camarades de travail, à l’entreprise, au service public ou à la science, et en recevoir en retour. C’est ainsi qu’il est possible et éclairant de relire les analyses économiques ou sociologiques de l’entreprise, du salaire et des organisations sous un jour nouveau. Mais, plus profondément, parce que le MAUSS, à la suite de Mauss, développe une conception proprement politique du don il confère à celui-ci une dimension générale que nos critiques ont souvent du mal à percevoir. Avec le concept d’action de Hannah Arendt, dont il est en fait si proche, le don maussien entre dans la catégorie générale de ce qu’on pourrait appeler l’action constitutive, l’action qui ouvre et fait émerger des possibles qui n’existaient pas avant et qui fait que tout à coup il y a quelque chose là où il n’ y avait rien.
Mais allons plus loin. Dire que le don est politique, autrement dit qu’il est l’opérateur par excellence de la transformation des ennemis en amis (et réciproquement), nous oblige à penser la réciproque et à poser que le politique est de l’ordre du don. Je dis bien le politique et non pas la politique, ce champ étroitement circonscrit de la lutte pour l’obtention du pouvoir. Le politique ainsi conçu représente l’intégrale des dons faits et reçus ou au contraire refusés, des dons de biens, de bienfaits, ou, au contraire, de maux, de méfaits, qui expliquent qu’une société prend cette forme là et pas une autre, et se trouve dans cet état là et pas dans un autre. Le politique est donc partout en général et nulle part en particulier, dans la relation entre les camarades ou entre les amants à l’échelle microsociologique ; dans la formation des associations au plan mésosociologique ; dans la constitution de la communauté politique la plus englobante à l’échelle microsociologique. Car à chacun de ces niveaux la question posée est toujours la même : de qui a-t-on reçu et accepte-t-on ou demande-t-on de recevoir, à qui entend-on donner, et quoi [11] ? Bienfaits ou méfaits ?

Troisième contresens : l’économie du don


Une conception politique du don, et donc aussi de la science sociale. Mauss est inséparablement savant et politique [12], Professeur au Collège de France et militant socialiste, bras droit et plus proche ami de Jaurès. De même le MAUSS assume pleinement la dimension politique – là encore au sens le plus général du terme – du travail théorique et sociologique qu’il entend mener. Mais son positionnement en la matière est aussi mal compris, le plus souvent, que son positionnement théorique qui tente de se frayer une voie du milieu non éclectique entre les divers écueils épistémologiques qui entravent le développement de la science sociale. Le MAUSS est-il proche des utopies d’extrême gauche ? Ouvert aux sirènes de la Nouvelle Droite (d’Alain de Benoist) qui aime à se dire elle aussi anti-utilitariste ? D’un modérantisme social-libéral, au contraire ? N’entrons pas ici dans ce débat. Qu’il suffise de préciser, puisque là aussi on nous prête des propos et des projets qui ne sont pas les nôtres, que l’intérêt que nous portons au monde associatif ou mutualiste, à l’économie sociale et solidaire ne nous pousse nullement à prôner le remplacement du marché capitaliste par une « économie du don ». Une « économie du don » ? Ce serait d’ailleurs de l’ordre de l’oxymore.

Conclusion

Quelle est alors la visée centrale du MAUSS ? Telle que je la perçois, elle est à la fois parfaitement modeste et extrêmement ambitieuse. Infiniment trop ambitieuse, jugeront beaucoup. On l’aura deviné à travers les lignes qui précèdent : ce qui est en jeu, au plus profond, c’est de tenter de rassembler, notamment à partir de la découverte de Mauss, les fils éparpillés d’une tradition de pensée anti-utilitariste qui a traversé toute l’histoire de la philosophie et qui est au cœur de l’ambition sociologique [13], de manière à pouvoir opposer aux discours économicistes, et en dernière instance utilitaristes dominants un paradigme alternatif, suffisamment clair et partageable pour irriguer les travaux et la réflexion menés dans les divers champs de la science sociale : ethnologique, économique, historique, philosophique, sociologique au sens spécialisé etc. L’ambition peut sembler démesurée puisque le discours qui aspirait à une telle généralité, le discours sociologique semble de plus en plus renoncer à ses ambitions initiales pour se cantonner dans une multiplicité de travaux empiriques disjoints ou dans d’interminables querelles de méthode qui n’intéressent plus guère que les connaisseurs. Faut-il donc renoncer à toute théorie sociologique générale d’envergure [14] ? Ce n’est pas aussi certain qu’on a de plus en plus souvent tendance à le croire désormais. Il importe bien sûr de comprendre les rayons de l’échec plus ou moins prononcé de toutes les grandes tentatives effectuées en ce sens jusqu’à ce jour, celles des Talcott Parsons, Bourdieu, Luhmann, Habermas ou James Coleman. Ne parlons pas ici d’échec intellectuel, ce qui impliquerait d’entrer dans une discussion plus approfondie. Bornons-nous à constater qu’aucune ces œuvres à vocation synthétique n’a réussi à s’imposer en sociologie (et a fortiori en philosophie) au-delà d’une cercle relativement restreint d’aficionados. Les classiques, Marx, Tocqueville, Weber, Durkheim etc. constituent des références plus partagées mais la sociologie contemporaine, au-delà de l’hommage obligé et rituel que leur rendent les manuels en fait finalement peu usage. Est-il raisonnable d’espérer dépasser cet état de fait ? Vaste discussion. Le pari du MAUSS, en tout cas est que ce qui fait la spécificité des explications sociologiques, en opposition (même si c’est aussi en complément) aux explications économiques axiomatisées par la Théorie de l’action rationnelle, est leur référence à la dimension anti-utilitariste de l’action, que la tradition sociologique n’a pas su isoler, expliciter et penser comme telle dans son irréductibilité relative à ce que j’appelle l’axiomatique de l’intérêt.
Dans ce combat théorique qui l’amène, comme bien d’autres à une relecture de la sociologie classique, mais menée à la lumière de l’anti-utilitarisme et de la question du don, le MAUSS n’est évidemment pas tout seul et entre en dialogue et en coopération avec nombre d’autres écoles de pensée. Le lien le plus étroit et le plus fécond, probablement, - et voilà qui nous ramène encore vers l’Allemagne - est celui qui commence à articuler le « paradigme du don » avec ce qu’Axel Honneth appelle parfois, de son côté, le « paradigme de la reconnaissance ». Allons à l’essentiel : il est évident pour tout lecteur de L’Essai sur le don que ce qui est recherché dans le potlatch ou le Kula, ce n’est pas le gain matériel mais la reconnaissance. Voilà qui opère un branchement direct entre Mauss et Hegel. Un premier branchement avait été effectué, via la lecture par Alexandre Kojève de la dialectique du maître et de l’esclave par le Collège de sociologie de Roger Caillois et Georges Bataille, puis, après-guerre par la relecture de Freud (inspirée de Kojève et Bataille) par Jacques Lacan. La remise à l’ordre du jour de la question de la reconnaissance effectuée par A. Honneth permet de rouvrir le dossier sur de nouvelles bases. L’hypothèse centrale qui doit permettre de lier les deux paradigmes, du don et de la reconnaissance est que ce que les sociétés reconnaissent comme ayant de la valeur et que les sujets luttent pour se faire reconnaître, c’est en définitive leur capacité à donner ou à se mouvoir dans le champ du don, de la donation, du charisme et de la grâce. Pour ma part, c’est dans cette optique que j’ai suggéré récemment qu’on pouvait et devait relire l’histoire de la tradition sociologique comme celle d’une pensée du rôle central de la lutte pour la reconnaissance de la valeur des sujets indexée par le don [15].
Ambition excessive ? Peut-être. Il est encore trop tôt pour en juger définitivement. Mais rassurons tout de suite le lecteur. Si ambition il y a, elle s’accompagne d’une modestie revendiquée. C’est une conception modeste du don qui est ici défendue. Ce dont il est parlé ce n’est pas du don des virtuoses mais d’un don à hauteur d’hommes et de femmes ordinaires. Et ce n’est pas une grandiose théorie qu’on essaie d’esquisser ex nihilo mais simplement la recollection de tout un ensemble de connaissances ou de thèses bien connues qu’on propose de reconsidérer sous un jour différent, non pour avoir réponse à tout mais questions organisées à tout. Une chose est sûre, en tout cas : dans ce travail de reconquête de l’héritage légué par les grands fondateurs de la sociologie et de l’anthropologie, rien ne se fera de solide sans la mise en commun des patrimoines intellectuels allemand et français. Merci donc, une fois encore, à F. Adloff et à Ch. Papilloud de s’y être attelé.

NOTES

[1Sur le site www.revuedumauss.com on peutse faire une idée de tous les numéros publiés depuis 1982 (plus de 80 à ce jour) , des livres publiés dans la collection Bibliothèque du MAUSS (une trentaine) et des conditions d’achat et d’abonnement. Le site www.journaldumauss.net publie La Revue du MAUSS permanente avec toute une série d’articles et de discussions en accès libre. Enfin, on peut acheter numéros ou articles en format électronique sur le site www.cairn.info.

[2Eliana Magnani : “Les médiévistes et le droit. Avant et après la théorie maussienne », in E. Magnani (Ed.), Don et sciences sociales. Théories et pratiques croisées, 2007, Éditions universitaires de Dijon, p. 15-28. Cet article peut être consulté sur le site de La revue du MAUSS permanente.

[3B. Wagner-Hasel, « Egoistic Exchange and : On the Roots of Marcel Mauss’ Theory of the Gift”, in G. Algazi, V. Groebner, B. Jussen (Eds.), Negotiating the Gift, Max Planck Institut, Göttingen, 2003, p. 141-171

[4Marcel Fournier, Émile Durkheim, 2007, Fayard.

[5Sur ces points, cf. par exemple,Christian Papilloud, Le don de relation. Georg Simmel, Marcel Mauss, 1999, L’Harmattan, et « Simmel, Durkheim Mauss. Naissance ratée de la sociologie européens », in La Revue du MAUSS semestrielle n°20, 1999, Quelle autre mondialisation ? .

[6Jacques T. Godbout (en collaboration avec A. Caillé), L’esprit du don, 1992, La Découverte (poche : 2000). Traduction en anglais : The World of the Gift, 1998, Mc Gill Queen’s University Press, Montréal, Londres, Ithaca ; J. Godbout, Le don, la dette, l’identité, La Découverte/MAUSS, 2000 ; Ce qui circule entre nous. Donner, recevoir, rendre, 2007, Le Seuil, Collection La couleur des idées.

[7Je critique ces deux conceptions du don, et notamment celle de Bourdieu et de Derrida dans Don, intérêt et désintéressement. Bourdieu, Mauss, Platon et quelques autres, 1993, La Découverte (réédition, 2005)

[8Jean-Luc Mario, Étant donné. Essai d’une phénoménologie de la donation, 1998, PUF

[9Dans la version française un chapitre, le chapitre 6 examine les rapports entre don, sacrifice et utilitarisme.

[10C’est par exemple la conception que nous imputent Michel Callon et Bruno Latour dans leur article « Tu ne calculeras pas », in La Revue du MAUSS semestrielle n°9, Comment peut-on être anti-capitaliste ? , 1999, 1er semestre, p. 45-70 (auquel répond A. Caillé : « Brève réplique à M Callon et B. Latour », id. P. 71-76). On retrouve la même critique, très cursive chez Aafke Komter in « Gifts and Social Relations. The Mechanisms of Reciprocity”, International Sociology, 2007 : 22, p. 93-107. Malgré toutes les mises au point régulièrement, faites depuis 20 ans, c’est cette même critique qui revient systématiquement. Elle occupe par exemple toue la première partie du livre de Frédéric Lordon – un de principaux animateurs de l’École de la régulation, la principale école hétérodoxe française en science économique avec l’école dite des conventions -, L’intérêt souverain, 2006, La Découverte qui, tout en rendant hommage au travail du MAUSS entend aller plus loin en dépassant sa naïveté supposée (le MAUSS ne verrait que le désintéressement), pour retourner à Bourdieu et Althusser via Spinoza. Dans cette perspective le don n’est qu’un détour inconscient et masqué de l’intérêt toujours déterminant en dernière instance. F. Lordon résume et synthétise sa critique du MAUSS in « Le don tel qu’il est et non tel qu’on voudrait qu’il fût », La Revue du MAUSS semestrielle n°27, 2006, 1er semestre, p. 106-124, auquel répond un article signé Falafil (pseudonyme collectif de trois auteurs), in « Quel paradigme du don ? En clé d’intérêt ou en clé de don ? Réponse à F. Lordon », p 127-137.

[11Je développer cette conception du politique dans le chapitre 8 et la conclusion de La démission des clercs. La crise des sciences sociales et l’oubli du politique, 1993, La Découverte, collection L’armillaire

[12Cf. Sylvain Dzimira, Marcel Mauss, savant et politique, préface de Marcel Fournier, 2007, La Découverte, Collection Textes à l’appui.

[13Je fais ici référence au beau livre de Christian Laval, L’ambition sociologique, Saint-Simon, Comte, Marx, Tocqueville, Durkheim, Weber, 2002, La Découverte, une des meilleures histoires de la pensée sociologique qui montre comment la tradition sociologique se forme dans le sillage de l’économie politique et de l’utilitarisme mais aussi contre eux. Dans un livre récent, L’homme économique. Essai sur les racines du néolibéralisme, 2007, Gallimard, Coll. Les Essais, Ch. Laval montre comment se cristallise au fil de cette tradition philosophique la figure utilitariste d’homo œconomicus.

[14Telle était la question posée à une vingtaine de sociologues internationalement connus lors d’un colloque co-organisé à Paris par le MAUSS en 2003 et dont les communications ont été reprises dans le n°24 de La Revue du MAUSS semestrielle sous le titre « Une théorie sociologique générale est-elle pensable ? De la science sociale » , 2004, 2e semestre. Ces communications, actualisées et complétées par d’autres plus récentes seront reprises dans un ouvrage à paraître aux éditions La Découverte à l’automne 2008, sous le titre probable : « Où en est la théories sociologie générale ? ».

[15Cf. Alain Caillé (Ed.) La quête de reconnaissance. Nouveau phénomène social total, 2007, La Découverte