Revue du Mauss permanente (https://journaldumauss.net)

François Gauthier

Du bon usage des drogues dans la religion

Texte publié le 29 mai 2012

Avec la massification de « la culture de l’authenticité et de l’expressivité » (Charles Taylor) à la suite de l’avènement de la société de consommation dans la deuxième moitié du XXe siècle, est apparu le phénomène de la prise de psychotropes à des fins « rituelles » et « spirituelles ». Prenant prétexte du festival Burning Man qui a lieu annuellement dans le désert au Nevada, où bon nombre d’usages ritualisés, dits néo-chamaniques, de psychotropes ont lieu, cet article aborde les questions suivantes : de quelle manière peut-on assigner une dimension religieuse à ces pratiques ? comment peut-on rendre compte de cette dimension dans l’analyse socio-anthropologique ?
Nous remercions ici la revue Drogues, santé et société, dans lequel cet article a paru initialement (vol. 8, n° 1, juin 2009, p. 201-237) pour son aimable autorisation de reproduction.

Comment décrire, interpréter, analyser, comprendre et rendre compte du phénomène de consommation rituelle de psychotropes d’une perspective socio-anthropologique ? Le rite participant tout comme le mythe de l’outillage des sciences des religions, est-il possible, de surcroît, d’y voir à l’œuvre ou affleurer une dimension religieuse ? Si la dimension religieuse des usages rituels de psychotropes ne semble pas faire de doute dans le cas des sociétés traditionnelles (l’eboga chez les Fang d’Afrique, le yagé — l’ayahuasca — chez les Tukano, etc.), qu’en est-il des cas d’espèces dits « néo-traditionnels » qui pullulent dans certains milieux sous-culturels aujourd’hui ? Derrière cette question en pointent d’autres, redoutables, concernant la sécularisation, la religion, la « spiritualité », l’expérience mystique, la transe, l’extase et le chamanisme notamment. Si plusieurs contributions à ce numéro thématique ont ciblé des usages spécifiques, celle-ci prend la question des rapports entre drogues et religion dans sa généralité épistémologique, herméneutique et analytique, mais appuyé sur l’observation, participante à divers degrés, de nombreux phénomènes occidentaux contemporains dans lesquels on retrouve une consommation ritualisée de substances psychotropes, les sous-cultures musicales jeunesse notamment, et qui convergent bien souvent au festival annuel de Burning Man (BM), au Nevada aux États-Unis...

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